Qui étaient ces femmes qui ont donné leur vie au chevet des autres durant la Première Guerre mondiale?
Dresser un portrait type de l’infirmière qui a laissé sa vie durant la Première Guerre mondiale est un projet hasardeux, tant les parcours pour arriver à cette fin sont nombreux. Certaines sont issues de la vieille noblesse, d’autres du tourniquet. Certaines avaient la vocation chevillée au corps, d’autres se sont engagées en cours de conflit. Certaines viennent de familles de médecins, d’autres d’artisans ou de cultivateurs. Néanmoins, quelques statistiques sont possibles au regard de l’échantillon mis à disposition sur le site.
Approches sur l’âge et l’origine
Loin de l’image d’Epinal véhiculée via les cartes postales patriotiques de l’époque montrant une jeune femme à peine sortie de l’enfance, l’infirmière victime de la Première Guerre mondiale décède en moyenne à 39ans et 4 mois. La plus jeune s’éteint à 15ans, la plus âgée 83.
Le rassemblement par tranches d’âges quinquennales permet de distinguer un pic pour les trentenaires.
La situation familiale de ces femmes engagées est aussi disparates que leur parcours durant la guerre. Néanmoins, une large majorité d’entre-elles est morte célibataire. Le graphique ci-dessous ne représente bien sûr que les laïques.
Si les laïques restent majoritaires, le rôle des religieuses n’est pas anecdotique. En effet, 18% des décédées sont des nonnes. Le chiffre de décès des religieuses est probablement fortement sous-estimé étant donné la rareté des sources les concernant.
Même si tous les départements sont représentés, les natives de Bretagne sont les plus nombreuses à disparaître. Ainsi prêt de 10% des infirmières recensées proviennent des Côtes d’Armor (anciennement Côtes du Nord), du Morbihan, et du Finistère.
Pour les décès, le résultat est plus homogène. Toutefois les départements enregistrant le plus grand nombre décès sont ceux comprenant des villes importantes et donc des structures hospitalières en conséquence (région parisienne -anciennement Seine-et-Oise-, Rhône, Bouches-du-Rhône).
Mais, si les Françaises représentent l’écrasante majorité du présent mémorial, les étrangères furent également nombreuses à venir servir sur le front français et à ne pas en revenir.
Cas de Paris
De par les mouvements de population et la densité de la capitale en structures médicales, la ville de Paris nécessite un travail à part. En effet, si on dénombre 478 décès, “seulement” 153 parisiennes de naissance sont décédées durant la guerre. La répartition indique une sur-mortalité dans les arrondissements du sud de la capitale, lieux d’implantations d’hôpitaux importants tels la Pitité-Salpêtrière, le Val-de-Grâce, Beaujon, Broussais…
Les Anges Blancs
Dispersées dans les différents centres de soins, plus ou moins proches du front, les infirmières sont alors confrontées aux réalités de la guerre (blessures, soins, maladies,…).
Leurs actes de décès n’indiquent la plupart du temps que la profession d’infirmière, sans plus de précisions. Parfois même, notamment pour les bénévoles, elles sont simplement données “sans profession” alors qu’elles furent décorées pour les soins prodigués.
Les causes de leurs décès sont difficiles à documenter. Les avis de décès sont alors, avec toutes les pincettes possibles, de précieuses sources. Ainsi, la maladie, les suites de bombardements ainsi que la grippe dite espagnole sont les 3 causes de décès principalement rencontrées.
Par ailleurs, le poids de cette épidémie de grippe engendre une mortalité très importante en 1918. Cette année de l’armistice est celle qui a couté le plus cher pour les soignantes.
Le difficile après guerre
A la fin du conflit, le pays pleure ses morts, recherche ses disparus. La plupart des infirmières, comme les soldat survivants, regagnent leur foyer et l’impossible oubli. Oubli dont elles feront pourtant l’objet. En effet, alors que plus de 10000 infirmières furent décorées durant et après le conflit, seules 20% des décédées furent l’objet d’une médaille.
Pis encore, le statut de Mort pour la France, qui concerne plus d’1,3 million 7de combattants, n’a été attribué qu’à moins de 10% des infirmières décédées durant le conflit. Le ratio est équivalent pour celles dont le nom est gravé sur un monument aux morts.
Cette page a été constituée par les données issues de ce site, qui ne sauraient être exhaustives. Une mise à jour des données sera faite en fonction de l’avancement des recherches et des numérisations/mises en ligne de certaines archives départementales.
Mise à jour 14 mai 2024
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