Retracer le parcours des infirmières est une tache ardue tant les sources disponibles sont minces. Mais il est toujours possible d’en tracer les grandes lignes révélant ainsi des parcours de vie cabossée. Suzanne BEASSE fait partie de ceux-ci.
Une enfance difficile
Suzanne BEASSE voit le jour le 06 juillet 1897 à l’hôpital Tenon, dans le XXe arrondissement de Paris. Elle est la fille naturelle de Joséphine BEASSE, domestique âgée de 24 ans et d’un père inconnu1.
Comme fréquemment à l’époque, l’enfant est placé en nourrice. Celle-ci vit dans le XIXe arrondissement de Paris dans le quartier du Combat. Les mois passent. La nourrice s’inquiète alors du retard de paiement de la mère de Suzanne. Les impayés s’enchaînent.
La nourrice, en accord avec la mère, apporte alors l’enfant au commissariat du quartier afin de l’abandonner. Nous sommes le 21 avril 1898. Suzanne est mise en dépôt auprès de l’Assistance Publique.
Mais dès le lendemain Suzanne est officiellement abandonnée et devient alors une enfant assistée de la Seine, sous le matricule 132285.
Différents parcours sont possibles pour ces enfants avec l’optique final de les placer à la campagne.
Le 26 avril 1898, Suzanne arrive à la station suburbaine de Châtillon-sous Bagneux. L’établissement compte 88 berceaux destinés aux enfants suspectés de syphilis ou incapables de voyager. En 1896, la mortalité y dépassait les 25%.
En Auvergne
Le 25 mai 1898, l’état de santé de Suzanne est jugé satisfaisant à l’envoi à la campagne. Pour elle, ça sera l’Allier, à l’agence de placement de Dompierre-sur-Bresbe. Elle est alors placée chez une famille locale. L’Allier est le 3e département, après la Nièvre et la Pas-de-Calais qui compte de le plus de petits parisiens. Là, les pupilles peuvent accroître les ressources locales en main d’œuvre. Ces régions sont choisies par le Conseil Général de la Seine.
Au recensement de 1901, on retrouve Suzanne, sous la patronyme BEHASSE à Vaumas chez la famille RIVES au lieu-dit Les Perrots
Toujours chez les RIVES en 1906, elle est recensée en 1911 avec le couple DESSEIGNE, toujours à Vaumas.
Il est par ailleurs intéressant de constater que dans le simple lieu-dit où vit Suzanne, on compte, en 1911, 11 pupilles de la Seine sur 29 foyers.
La Guerre de Suzanne BEASSE
En l’absence de documentation sur cette période de sa vie, il est impossible d’avoir des certitudes. Les recensements n’indiquent aucune profession. Il est toutefois probable qu’elle ait pu suivre les cours de l’Ecole Professionnelle et Ménagère d’Yzeure. Subventionné par le Conseil Général de la Seine, cet établissement admettait les enfant assistés et moralement abandonnés.
Aucune information ne permet de savoir à quelle période, alors qu’elle est âgée d’une vingtaine d’année, elle décide de parcourir la trentaine de kilomètres qui séparent Vaumas de Moulins pour s’engager.
C’est pourtant à l’Hôpital Saint-Joseph de la ville qu’elle sert. Cet ancien établissement du centre de Moulins figure sur le cadastre du début du XIXe siècle.
L’hôpital accueille durant toute la guerre des civils et militaires.
Le 08 avril 1920, Suzanne BEASSE décède en son domiciles des Lices à l’Est du bourg d’Yzeure à l’âge de 22 ans2. A droite de l’image ci-dessous sont visibles les parcelles constituantes du lieu-dit Les Lices. Au centre bourg, les parcelles 286, 287 et 288 sont celle occupées par l’Ecole Professionnelle et Ménagère où a pu étudier Suzanne.
Décédée célibataire, sans famille, Suzanne BEASSE a probablement été inhumée au cimetière d’Yzeure. Sa sépulture n’a néanmoins pas été retrouvée.
Sources :
Informations sur les enfants assistés : AD 75
Fiche de Suzanne BEASSE : mémorial
« L’Assistance Publique en 1900 », disponible sur Gallica
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